Champs cliniques de la recherche en maternologie:
• Théorie de la maternité et étapes de la maternogenèse
La théorisation de la maternité psychique est un vaste domaine de recherche qu’il faut individualiser et défricher.
Nombreux sont les thèmes à l’étude.
1. Notion de » maternité psychique » et autres concepts de la maternité.
2. Délimitation du champ clinique de la maternité psychique.
3. Articulation avec le sens de la fonction de paternité.
4. Sens, structure, genèse de la possibilité et du désir maternels.
5. Identification des grandes étapes de la maternogenèse.
6. Repérage, description et caractérisation cliniques des principaux dysfonctionnements maternels primaires et secondaires.
7. Élaboration des techniques de traitement appropriées aux problématiques maternelles et aux souffrances du bébé.
8. Étude de la psychologie de la naissance.
9. Étude de la nature du bébé, de son vécu, de son développement normal et pathologique.
11. Évaluation des risques pré et postnataux encourus par le bébé.
12. Contribution à la prévention de la maltraitance.
• Aspects ethnologiques et culturels de la maternité
La maternité varie, dans ses modalités et même dans certaines de ses orientations fondamentales, selon les races et les cultures. Il faut distinguer les cultures à moi collectif et à moi individuel. Dans les premières, la maternité est partagée par le groupe et la séparation d’avec la mère imposée par lui.
Par contre, dans les maternités à moi individuel, le rapport avec la mère est davantage singulier et la séparation est un acte propre à l’enfant.
• Maternité, genèse psychique et anthropologie fondamentale.
La maternité a un rôle non seulement essentiel dans le développement physique, cognitif et affectif de l’enfant mais, plus encore peut-être, dans l’acquisition de ce qui fait l’être humain en tant que tel. L’étude de la maternité psychique déborde le cadre de son propre champ de recherche et débouche sur la mise à jour d’éléments essentiels pour la constitution d’une anthropologie fondamentale.
• Diagnostic précoce et prévention.
Il faut rappeler ici l’étude » Promat » (PROtocole MATernologique d’évaluation prénatale et postnatale), qui a été menée de 1997 à 1999 auprès d’une vingtaine de maternités.
Il s’agissait d’évaluer la pertinence des signes retenus ou éventuellement utilisés pour prédire la difficulté maternelle. Ceci en mettant en parallèle l’état anténatal, postnatal immédiat ou à plus long terme.
2000 dossiers ont été traités en suivant les recommandations de la CNIL. Plus de la moitié ont été rejetés en raison d’informations incomplètes, puisqu’il fallait disposer de réponses concernant les trois temps de l’étude.
Les résultats de cette recherche ont été publiés dans le n° 12 des Cahiers de Maternologie : « L’aide psychologique postnatale ». Il est apparu que les critères en anténatal de facteurs de risque postnatal de difficultés maternelles ne sont pas prédictifs dans 78 % des cas.
Il restait à déterminer ceux qui le sont effectivement, soit 22 % d’entre eux. Or, ils ne correspondent à aucun signe ou facteur particuliers, mais à une diversité séméiologique dont le dénominateur commun est constitué par toute atteinte sévère à l’identité et à la bonne conscience de soi de la future mère.
• Faire évoluer la notion de « Facteurs de risque »
Il y a donc un « mythe » du diagnostic psychologique prénatal. Les facteurs de risque ne sont réels que s’ils nuisent à la structure de la maternité psychique et s’ils portent atteinte à l’identité de la personne. À ce niveau, l’utilisation abusive anténatale des facteurs de risque peut en elle-même constituer un risque réel pour la femme enceinte et la future mère.
En tout cas, le temps des » clignotants » est révolu. Les facteurs de risque doivent être avant tout des « facteurs d’opportunité de soutien » dès la grossesse.
• Création d’un Réseau Européen d’Étude et de soutien pour la Psychologie de l’Allaitement (REESPA)
Si la difficulté maternelle précoce et ses retentissements sur le premier développement de l’enfant est un grave problème de santé publique – puisqu’il touche 10 % de la population des accouchées – les modalités de prévention et de thérapeutique sont encore balbutiantes à ce niveau.
Le plus souvent les difficultés sont repérées trop tard, quand les pathologies se sont installées chez l’enfant. Un moyen d’abord de ces situations est l’observation et l’accompagnement de la situation d’allaitement (au sein ou au biberon), situation de rapport privilégié mère-enfant.
On peut mener des actions utiles à ce niveau : améliorer le soutien de la relation d’allaitement chez le nourrisson de 0 à 5 mois, promouvoir l’importance de la connaissance de l’allaitement et de ses dimensions psychologiques, créer un « Réseau Européen d’Études et de Soutien pour la Psychologie de l’Allaitement » (REESPA).
Cette question, sous l’intitulé » Les Visages de l’Allaitement « a fait l’objet du 5ème Congrès de Maternologie et Périnatalogie à Versailles en novembre 2002.