Les deux buts majeurs de ce soin :
Il paraît évident qu’il faut avoir comme première préoccupation la difficulté maternelle. Mais celle-ci est liée avec les problèmes de naissance psychique et de développement de l’enfant. C’est donc un double objectif médical qui est poursuivi.
— Le soin de la maternité psychique
• La « maternité psychique » est encore généralement ignorée. Il s’agit pourtant de l’autre versant de la maternité humaine qui ne saurait être réduite à un modèle animal (instinct ou programme génétique). Elle ne saurait davantage être oubliée dans tous les cas de dysfonctionnements biologiques ou psychiques qui font recourir à la PMA ou à l’adoption… Elle est encore largement ignorée dans les pratiques médico-sociales qui, en première intention, ont le souci presque exclusif de l’enfant.
• Le concept de maternité psychique a été rendu nécessaire pour répondre à des dimensions qui n’étaient pas prises en compte dans les théorisations habituelles sur la maternité, à savoir :
– La maternité libidinale : théorie psychanalytique basée sur un complexe féminin de castration où le désir d’avoir un enfant du père amènerait à vouloir un enfant comme compensation phallique.
– La « maternalité » : terme forgé par P.-C. Racamier réduit la maternité à une « crise » qui éclaterait à l’instar de celle de l’adolescence.
– La maternité automate : théorie comportementaliste annexant une bonne part de la maternité et de la relation mère-enfant à un programme génétiquement déterminé. Du côté du bébé, on trouverait un attachement programmé (concept éthologique) et des compétences précoces ; du côté de la mère, il y aurait de même une programmation génétique à la maternité ; la conjonction de ces dispositions entraînant la mise en œuvre d’interactions.
• Le concept de maternité psychique est au contraire plus proche de ce que Winnicott a nommé la « préoccupation maternelle primaire » ; il en étend le champ jusqu’à concevoir la maternité humaine en soi et dans toute sa spécificité. En effet, la maternité psychique intervient dans tout ce qui touche la maternité humaine, laquelle ne peut jamais être réduite à son support biologique, quelle que soit son importance par ailleurs.
D’où la nécessité de tenir compte de la maternité psychique dans tous les actes intervenant sur la maternité : de la fécondation à l’interruption volontaire de grossesse, de la grossesse à l’accouchement, de la création du lien maternel au développement du bébé… De même, le champ de la maternité psychique s’articule avec la question du père : à la fois le père de la mère intervenant au niveau de la maternogenèse tandis que le père de l’enfant doit être considéré comme conjoint de la mère et partenaire avec elle de sa maternité psychique.
— Les maladies de la naissance psychique
• La pratique de la maternologie a progressivement mis à jour la réalité des maladies de la naissance, c’est-à-dire les troubles graves de développement qui affectent l’enfant, jusqu’à menacer son pronostic vital, s’il ne peut effectuer la naissance psychique qui est le complément indispensable de sa mise au monde. Celle-ci n’est pas seulement physique, elle comporte une véritable refonte psychique assurée en grande partie par la relation maternelle.
• Dès lors, s’est constitué le champ séméiologique et nosographique des maladies de la naissance psychique. On distingue, pour le moment, 6 grandes catégories de maladies de la naissance : régression fœtale, suspension natale amorphe, marasme infantile, pré-autisme, opposition natale active, opposition natale passive.
• Mais il est évidemment souhaitable de pouvoir intervenir avant la constitution de ces entités et de savoir et pouvoir en repérer les éléments très tôt, au niveau séméiologique : la précocité du diagnostic joue ici en faveur de l’enfant et constitue un élément essentiel de la thérapeutique. C’est pourquoi il faut prendre soin de ne pas se contenter de repérer les difficultés ou les risques maternels apparents au point que très souvent le diagnostic de difficulté maternelle passe d’abord par le diagnostic de la difficulté natale du bébé.
• Enfin, il faut insister sur le fait que le lien mère-enfant n’est pas seulement un lien d’assistance au développement et pour des actes dont le bébé n’est pas capable. C’est un lien natal, c’est-à-dire qu’il répond à la nécessité de la naissance psychique. La santé du bébé ne tient pas seulement à l’absence de maladies mais à l’acquisition des moyens de sa naissance psychique. Le résultat en sera une force originaire que la notion de « résilience » traduit en partie. Par conséquent, la pathologie précoce du lien mère-enfant nécessite une approche clinique et un soin des « maladies de la naissance ».
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